En tant qu’homme, je crois qu’il n’y a pas d’endroit où l’on se sent plus impuissant que dans une salle d’accouchement… Aujourd’hui, je partage une petite tranche de vie : la naissance de mon petit garçon.
Avant…
21h… Les contractions commencent. Mais, à ce stade, c’est l’incertitude. Est-ce le vrai travail, ou simplement un faux travail? Commence l’attente…
22h30… Ok, c’est probablement le vrai travail. « On va contacter ta mère juste pour qu’elle soit prête si jamais elle doit venir garder le grand frère. » Ok, je lui envoie un Messenger. Pas de réponse. Merde. On fait quoi? Un bain. Ça va nous confirmer si c’est le vrai travail.
23h00… Le bain fait accélérer les contractions. C’est l’heure d’un texto à belle-maman.
23h30… Toujours pas de réponse. On commence à stresser. Ma femme décide de faire ce que je n’osais pas faire. Elle va appeler sa mère. Ok, elle est en route. C’est l’heure de préparer les bagages. Évidemment, les valises sont pratiquement prêtes. Ben oui, à 37 semaines passées et des contractions à chaque jour, on avait pris un peu d’avance. 😉
00h45… Belle-maman arrive enfin! On ramasse les bagages et on sort. Je ne sais pas vous, mais avoir une valise, un sac de voyage, un sac à couches et une coquille à apporter dans les escaliers d’un troisième étage afin de permettre à la future maman de ne rien porter, c’est pas évident. Fuck it, je reviendrais chercher la coquille plus tard. Après tout, on a le temps.
1h00… On se met en route. C’est paisible sur les routes à cette heure…
1h30… On arrive à l’hôpital. « Chérie, c’est où le stationnement? » Ok, on est stationné. Maintenant, il faut trouver le département des naissances. Heureusement que ma femme y est déjà allée, parce que c’est vraiment pas facile de se déplacer dans le nouveau CHUM. Finalement, on arrive dans le département et on est accueillis par une très gentille infirmière.
1h45… Notre inscription est enfin complétée. On va « évaluer » la situation afin de savoir si on nous garde, ou si on doit revenir plus tard. Consternation lorsqu’on apprend que ma douce n’est qu’à 3,5 cm. La gentille infirmière nous explique qu’on a 2 heures pour faire progresser le travail, sinon on va devoir revenir. Va falloir marcher que nous explique l’infirmière. Ça aide à faire progresser le travail. Moi qui déteste marcher pour aller nulle part…
2h00… On commence à se promener sur l’étage. Ok messieurs, si vous n’avez jamais eu l’impression d’être inutile, voire de trop, c’est là que vous y parviendrez. On tourne en rond dans le département et, malheur si je dis quoi que ce soit…

« Pffff, c’est long » regard menaçant. « Quoi? » Autre regard menaçant.
« Pis chu fatigué! » Regard très menaçant et réponse du genre : « Moi non plus j’ai pas dormi. Pis en plus, j’ai des contractions, pis j’ai pas envie de retourner à la maison pour revenir dans 2 heures. Faque ta fatigue là… »
J’ai donc décidé de fermer ma gueule et de marcher, et marcher, et marcher. Finalement, les deux heures passées, on retourne voir l’infirmière. Les « shifts » ont changé et c’est donc une autre infirmière très gentille.
3h50… 4 madame, que nous dit l’infirmière. Ma femme sur le bord des larmes a dû faire une forte impression, car l’infirmière nous a demandé d’attendre pour voir si on pourrait tout de même avoir une chambre puisque les contractions étaient très rapprochées.
4h… Bingo, on s’en va dans notre chambre afin de continuer la préparation.
Pendant…
4h05… On arrive dans la chambre d’accouchement. Wow! C’est « fucking beau ». Je dépose les valises, sacs, et autres cossins que je transporte comme si j’étais un âne. Ouf… Je suis épuisé. Je regarde ma femme et lui fais la remarque que… On a une chambre! Yeah!
Mais je n’avais rien vu encore. La vraie « game » commence. Contrairement au premier accouchement, cette fois-ci on a droit à un vrai trip d’hôpital pour la partie de “préparation”.
Ma femme préférant ne pas utiliser de méthodes non naturelles autant que possible, on a droit au fameux ballon et au tense. L’infirmière installe le tense et nous explique comment fonctionne le ballon. Ma femme s’installe et je l’encourage comme je peux. Elle me demande de lui masser le bas du dos. Je m’installe. Je masse… et masse… et masse… et tente de garder les yeux ouverts… et masse… et garde les yeux presque ouverts… et…
Oh que les paupières sont lourdes. Ma femme me demande d’arrêter de la masser. Je m’installe devant elle et lui prends la main. Mais, tout à coup, elle me « grogne » après.
« Quoi? » « Tu dors », qu’elle me dit. Je m’excuse. Je sais que je dois être présent pour l’encourager, pour travailler avec elle.
« Heille! Réveille! »
Fuck. Je m’endors un peu trop. Mais fuck. J’ai rien qui m’aide moi. Je n’ai pas le luxe d’avoir des contractions pour me tenir éveillé. Après m’être fait engueuler 4 ou 5 fois, et accusé de m’être endormi (alors que je ne faisais que reposer mes yeux et mon cerveau et mon corps en entier), on a droit à la visite d’une autre infirmière qui nous confirme qu’elle est dilatée à 4,5. Merde!
On se dirige vers le bain. Sérieusement? Je dois rester éveillé dans une pièce chaude, avec une lumière tamisée… Come on! Mais j’ai réussi. Je suis assez fier de moi. Je me débrouille comme un chef pour cet accouchement! 😉
Après un 75 minutes de bain, on retourne dans la chambre. Le docteur vient faire un tour. 6 cm. « Quoi? », que hurle ma femme. J’essaie de la réconforter et de la calmer. Mais, finalement, le médecin se débrouille. Moi je me suis suffisamment fait engueuler pour cette nuit. En fait, la nouvelle journée est commencée. Ça faisait longtemps que je n’avais pas passé une nuit blanche. À ce moment, j’ai une pensée pour mon petit prince de 19 mois qui attend à la maison.
Comme ma femme est épuisée, le médecin nous fait une offre… Il propose de rompre la poche afin d’accélérer le travail un peu. Mais, par contre, ça va rendre le travail plus douloureux. Mais c’est le choix de la maman. Et comme je suis exténué ;-), j’accepte. Bon, ok. Je n’ai franchement pas mon mot à dire ici, même si ma femme me demande mon avis. Donc, je lui dis que si c’est ce qu’elle veut, je suis avec elle.

Le doc brise la poche, les eaux s’écoulent… 5 minutes plus tard, les poussées commencent. Oui, oui. 5 minutes plus tard la vraie « affaire » commence. 30 minutes plus tard, mon fils est là. Je suis ému. La maman aussi. On est heureux. La fatigue est complètement disparue…
Après…
Calme, amour, paix… Et bien sûr, les visites des infirmières qui ne finissent jamais. Mais, comme bébé va bien et maman aussi, on ne se fait pas trop déranger.
Deuxième soirée, c’est le moment de la rencontre entre nos deux fils. Là, c’est l’anxiété qui prend la place. La rencontre se passe plutôt bien, mis à part le téléphone en plastique que notre grand a envoyé avec force derrière le crâne de notre nouveau-né… Ne vous en faites pas, il a survécu. 🙂
Quelques visites de proches et quelques examens plus tard, et deux nuits passées, on reçoit notre congé.
Un peu nerveux, mais heureux, on rentre à la maison.
Retour à la maison…
Malgré quelques larmes du poupon, la route se passe à merveille. Une fois à la maison, on anticipe le retour de notre grand de la garderie. Comme va-t-il réagir à la présence de ce nouveau bébé dans SA maison?
À suivre si l’intérêt y est. 🙂